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Historique du lycée
Le lycée Victor Duruy
Victor Duruy, Ministre de l’Instruction Publique de Napoléon III de 1863 à 1869, accomplit de grandes réformes et élabora un « enseignement secondaire spécial » qu’il mettra en oeuvre à Mont-de-Marsan, la Préfecture des Landes.
Avec l’aide du député Joseph de Guilloutet, le maire de Mont-de-Marsan de l’époque, Antoine Lacaze envisage de créer le premier lycée des Landes, en prolongement du collège municipal.
En 1866 fut donc créé le Lycée Victor Duruy à Mont-de-Marsan.
Le lycée-hôpital
Le dimanche 13 Septembre 1914 à 8 heures, les militaires français qui occupaient le lycée Victor Duruy depuis plus d’un mois reçoivent l’ordre de l’évacuer ; il est réquisitionné, et 500 blessés allemands y sont attendus.
Les premiers arrivent à pied vers 10 heures 30, et les plus touchés sont transportés sur des civières.
Leur état est critique ; il faut improviser et coucher ces blessés. Des infirmiers et infirmières – de passage à Mont-de-Marsan -, quelques soldats du poste, quelques dames, l’économe et enfin le Proviseur du lycée s’unissent pour trouver des solutions.
Les Allemands les plus atteints sont alors installés dans les dortoirs, et toute la literie de l’internat est mise à leur disposition ; les autres sont allongés sur une épaisse couche de paille fraîche.
Des médecins civils et militaires, comme le Docteur Galop, viennent les panser dans l’après-midi, seulement les plaies se sont infectées lors du trajet… Le soir, la caserne du 34e régiment d’infanterie s’occupe du souper : 70 repas sont servis et consommés en quelques minutes. Pendant ce temps, d’autres blessés arrivent, et ce jusqu’à la nuit. C’est ainsi que le lycée-caserne Duruy s’est converti en lycée-hôpital.
Le lendemain, la place manque au lycée et 160 blessés supplémentaires arrivent. Le temps étant au beau fixe, on les installe sous les arbres, et dans des salles de classe désaffectées. C’est alors que le 15, l’administration de l’hôpital est créée, se détachant de celle du lycée. Celui-ci étant devenu hôpital, il a fallu faire cohabiter élèves, professeurs, infirmiers, blessés, etc.
Un grand nombre de changements a donc été nécessaire. En effet, les blessés allemands occupaient la plupart des locaux (comme l’internat, l’ancienne salle de dessin et certaines salles de classe), il n’y avait pas assez de place pour assurer tous les cours. De même pour l’internat, aucun élève ne pouvait être reçu.
Néanmoins, des solutions ont été trouvées pour continuer à enseigner aux jeunes. Les professeurs les accueillaient chez eux, ou bien dans des locaux privés. Le célèbre pianiste Francis Planté leur avait, par exemple, prêté son studio musical, non loin du lycée. Quant aux internes, ils s’arrangeaient pour se faire héberger sur Mont-de-Marsan.
Le lycée, après s’être occupé de blessés allemands, accueille des Français en février 1915. Les Allemands qui ne sont pas encore guéris vont être transportés à l’hôpital de Blaye ou sur l’île de Ré (et de là au Maroc).
Ainsi, durant cette période de transition, le lycée devient « Hôpital Complémentaire n°38 ». Des travaux d’aménagements ont été effectués, prévoyant plus de lits pour plus de blessés, et par conséquent, une centaine d’infirmiers (dont certains venus d’Indochine) sont embauchés. Une pharmacie et une salle de radiographie sont créées par la même occasion, en réquisitionnant la cuisine, l’intendance, les laboratoires de sciences naturelles et de physique, la salle des professeurs, et la bibliothèque.
Durant ces années de guerre, des blessés français et allemands se sont succédé à Duruy.
Ce n’est qu’en novembre 1916 que l’hôpital est transféré à Aire sur l’Adour avant être désinfecté. En effet, des élèves ont été victimes de certaines maladies, vraisemblablement transmises par les blessés.
Le lycée a alors repris sa fonction d’origine et l’internat a pu ré-ouvrir.
Entre 1914 et 1916, le lycée Victor Duruy a donc assuré deux activités qui ne semblaient pas compatibles… La guerre avait débuté le 3 août 1914, pendant les vacances scolaires. De nombreux professeurs et élèves furent alors mobilisés pour défendre la patrie.
De nombreux hommes partirent en effet au front, laissant leur famille sur place. Les professeurs les plus âgés restaient au lycée pour continuer à enseigner. On eut recours aux femmes professeurs ainsi qu’à des bénévoles pour combler le manque de personnel.
L’enseignement fut à peine modifié ce qui rendait toujours possible la poursuite des études jusqu’à ce qu’il y ait un nouvel appel au combat. Les cours furent finalement suspendus car il n’y avait plus assez de professeurs pour assumer toutes les heures de cours des élèves.
Une grande partie du personnel éducatif combattit donc l’ennemi non seulement au front, mais aussi dans le domaine intellectuel comme le disait le Proviseur Caude lors d’une remise de prix en juillet 1915 :
« Soyez actifs dans le domaine physique. Ici, je suis bien sûr d’être entendu. (…) Mais soyez actifs dans le domaine moral. Soyez enfin actifs dans le domaine intellectuel »
. Mais les adultes n’étaient pas les seuls à partir à la guerre. Beaucoup d’élèves étaient également mobilisés pour soutenir l’engagement des soldats. En effet, dans son discours, Monsieur Caude félicite les élèves pour leur soutien :
« Avec quelle fière résolution ils avaient tous répondu à l’appel de la Patrie, l’air grave et serein, sans forfanterie et sans crainte, calmes et dignes, prêts à tous les sacrifices. »
Les conditions de vie des élèves dans le lycée furent également modifiées à cause de la guerre, un élève a même dit :
« On s’était habitués à la guerre ».
Le rationnement alimentaire concernait surtout le pain et le sucre mais les élèves le considéraient comme
supportable. De plus, la vie scolaire était toujours coupée par les vacances, soit trois jours à la Toussaint, huit à Noël, quinze à Pâques et deux mois et demi en été. En octobre 1918, un phénomène troubla aussi les populations : c’est l’apparition de la grippe espagnole dans le pays. Des professeurs furent en effet licenciés, des élèves manquaient les cours et le lycée fut fermé d’octobre à décembre 1918.
Malheureusement, que ce soit des professeurs ou des élèves du lycée, ils furent très nombreux à laisser leur vie durant ces quatre ans d’affreux combat. C’est pour cela que quatre plaques commémoratives des anciens élèves du lycée morts pour la patrie furent commandées en 1919 au sculpteur Charles Hairon. Elles sont depuis, scellées dans l’établissement Victor Duruy, rendant ainsi hommage à tous ces élèves ayant combattu pour la France.
Extraits de « Le lycée Duruy pendant la Grande Guerre »
Élèves de 1ère ES1 et 1ère L arts plastiques 2008/2009
Pour en savoir plus, voir la brochure de l’ONAC.